jeudi 17 décembre 2015

Les Ogres-Dieux: Petit

© Hubert et Bertrand GATIGNOL/ Soleil

Est-ce un intégral? Un premier tome? "Les Ogres-Dieux" de Hubert et illustré par Bertrand GATIGNOL n'en reste pas moins une entrée fracassante dans une atmosphère de violence aiguë.
Petit est un tout petit bébé, né comme une poussée de pets, sans que sa mère s'en rende compte ou presque. Sa mère est une ogre de taille moyenne et Petit, aussi petit qu'un bébé humain. Minuscule, comme un petit haricot blanc à leurs yeux. D'ailleurs, lors de ce festin royal, son arrivée provoque l'étripage de tous les convives: a-qui le gobera tout cru? Et bien ce sera sa mère, pour le protéger... de son père, cet Ogre-Dieu monumental, le Roi Gabaal.

© Hubert et Bertrand GATIGNOL/ Soleil

Il fut un temps où l'ogre était devenu si petit qu'il n'avait que deux têtes de plus que les humains. Le Fondateur était seul. Il tomba fou amoureux d'une châtelaine guerrière. Mais son amour enceinte, la nature du Fondateur jaillit... "Aussi, quand elle lui annonça qu'elle attendait un enfant, il fut fou de joie. Il posait son oreille contre le ventre de son épouse, écoutant battre à l'intérieur le cœur de l'enfant à naître. [...] Pourtant, le dixième mois écoulé, l'enfant n'était toujours pas né, et le ventre de la reine continuait à grossir. "Ce n'est pas normal, disaient les femmes assemblées autour d'elle. Il se passe quelque chose d'étrange." Le Fondateur se mit à changer. Il contemplait fixement l'énorme proéminence qui déformait la robe de son épouse. Ses yeux se détournaient quand elle cherchait son regard. Et l'on voyait parfois son sourire inquiétant flotter sur ses lèvres quand était évoquée devant lui l'étrange grossesse de son épouse. "Ne vous inquiétez pas. Il sortira quand il sera temps, répondait-il alors. Il lui faut encore grandir.""

© Hubert et Bertrand GATIGNOL/ Soleil

Se créer alors un nouvel arbre généalogique d'ogres. En choisissant les compagnes, en allant vers une consanguinité accrue, ils deviennent plus grands, plus robustes, plus bestiaux et, pour certains, presque éternels. Il y a bien deux ou trois aïeuls plus modérés, plus humanistes, explorateurs, comme cette Desdée, perdue pour la cause des ogres en raison de son amour pour la danse et son affection pour les humains. Mais Petit va devoir grandir. Il est peut-être destiné à de grandes choses, à faire un trait d'union entre les humains et les ogres ou à propulser ces derniers vers un futur moins dégénéré mais tout autant brutal, bestial, fou qu'est le monde des ogres. Est-il déterminé dans ses gênes à la folie?

© Hubert et Bertrand GATIGNOL/ Soleil

Cette bande dessinée de 170 pages environs porte le présent en chapitres et le passé en écrit avec quelques pages du livre des aïeux. Même si l'on attendrait une suite à cette histoire pour encore peaufiner les vengeances, trahisons et morts, ce tome est extrêmement puissant. Par la succession de ses pages en noir et blanc et ses écrits plus poussés proposant une hérédité et un envolée maléfique de cette race. Le noir devient rouge sang même sur les lèvres des pires ogres-dieux, il apparait visqueux. Le blanc se croit poudré ou luisant de sueur et pas du tout candide ou pur.

© Hubert et Bertrand GATIGNOL/ Soleil

Les Ogres-Dieux sont magistraux, cruels à souhait et les scènes entre eux et les humains époustouflantes. Les ogres mangent les humains, vous ne le saviez pas? Ils ont même créer des fermes et des protocoles de sélection pour une chair encore plus agréable. Vous saviez aussi que les hommes sont leurs esclaves. De petits insectes qui déambulent autour d'eux, faciles à expédier d'une pichenette.
Les Ogres-Dieux offre ainsi un panel des défauts bien humains: volonté de puissance, folie, sexe, femmes juste bonnes à engendrer la vie, bonnes âmes un peu paumées, pas très fortes à survivre dans un monde cruel. Et si vous croyez voir dessinés certains personnages historiques (Raspoutine, Colomb et d'autres), ce ne sera pas forcément une vue de l'esprit.


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