et à voix haute s'il vous plait ! ... pour adultes, pour enfants... pour réfléchir, pour se divertir, pour s'éveiller, pour les apprentissages de vie...
samedi 30 mars 2013
mercredi 27 mars 2013
" - Ah! Tu remues trop...,
bougonna le loup. Facile à dire. Ce sont des adultes. Ils ont oublié.
- Oublié quoi? poursuivit Zackarina.
- Que le corps tout entier gambille et frétille quand on grandit, comme une poêlée de pop-corn! Toi et moi le savons très bien, et n'importe quelle petite grenouille aussi. Mais les adultes ne grandissent plus, ils oublient ce que ça fait!
Il se leva d'un bond et sautilla sur la plage, en entonnant cette chanson d'une voix éraillée:
- Comment rester sage et tranquille
Quand tout le corps fourmille!
Comment rester tranquille et sage,
Quand les jambes aiment le tapage!"
(extrait de "Le loup des sables" d'Asa LIND et illustré par Violaine LEROY, Bayard jeunesse)
Pippi Longstocking (ou Fifi brindacier)
*illustration de Louis S.GLANZMAN de la série écrite par Astrid LINDGREN (dont je parle là)
mardi 26 mars 2013
" - Je crois que je vais créer un club de lecture à voix haute"
" Thomas se sentit rougir. En classe, il devait souvent lire à voix haute, mais il ne l'avait encore jamais fait chez quelqu'un. C'était une impression étrange. Il ouvrit le livre et se lança.
D'abord, il trébucha sur quelques mots. Mais cela s'arrangea en cours de lecture. Parfois, Mme Van Amersfoort riait. Thomas ne savait pas pourquoi. Il était trop occupé à lire.
Ce qui arriva ensuite fut miraculeux. Thomas ne lisait pourtant que des vers pour enfants! Comment se faisait-il qu'une adulte rie en entendant cela! Thomas levait de temps en temps les yeux de son livre, afin d'observer le visage de Mme Van Amersfoort. Quant elle riait, des rides rigolotes s'étiraient depuis sa bouche jusqu'à ses oreilles. Sa tête opinait comme si elle disait oui! oui! oui! Et deux nattes garnies de noeuds encadrèrent peu à peu son visage.
Pendant un moment, Thomas ne comprit rien à ce qu'il voyait, mais ça ne dura pas. Mme Van Amersfoot n'était plus une vieille dame, mais une vieille petite fille. Peut-être allait-elle bientôt bondir de sa chaise pour attraper sa corde à sauter."
(extrait de "Le livre qui dit tout" de Guus KUIJER, École des loisirs, illustration de Fiep WESTENDORP extraite de la série de "Jip et Janneke" d'Annie M.G.SCHMIDT)
lundi 25 mars 2013
Le rêve d'Icare
© Jean-Côme NOGUES et Hippolyte/ Nathan
© Jean-Côme NOGUES et Hippolyte/ Nathan
© Jean-Côme NOGUES et Hippolyte/ Nathan
"Le rêve d'Icare " de Jean-Côme NOGUES et illustré par Hippolyte est un coup de cœur !
Icare est le fils de l'ingénieux Dédale en exil sur l'île de Crète. Il est le témoin de la tension entre les dieux et les rois.
Minos le roi de Cnossos n'a pas respecté Poséidon, le dieu de l'océan: au lieu de sacrifier le taureau blanc comme l'écume offert par le dieu, il l'a conservé; Poséidon se venge alors en apportant à l'animal une attirance dont la femme de Minos n'est pas insensible. De leurs amours défendues nait le Minotaure, homme à la tête de taureau. Le monstre vit, féroce, et devient un instrument de pouvoir de son beau-père.
Icare est un jeune homme mal dans sa peau. Il est beau comme un dieu, a des origines royales et pourtant il est méprisé comme le fils d'un esclave. Son père, Dédale, est reconnu pour son talent mais lui se fait insulter quand, par fougue, il demande un duel de lutte entre gentilshommes au prince Androgée. Ce dernier, athlète accompli, gagnera une des couronnes les plus convoitées aux Panathénées à Athènes, en Grèce. Androgée est tué. Par Egée, le roi d'Athènes? C'est en tous cas ce que croit Minos, son père. Une guerre est déclarée, Minos en sort vainqueur mais souhaite une vengeance plus profonde et demande 14 jeunes athéniens en pâture chaque année pour son monstre, le Minotaure.
© Jean-Côme NOGUES et Hippolyte/ Nathan
C'est avec une rage compréhensive, qu'Icare avait été témoin de l'emprisonnement du Minotaure dans le labyrinthe créé par son père. A l'arrivée de Thésée, prince d'Athènes, venu tué le monstre, il est le confident d'Ariane, princesse nouvellement éprise du héros si populaire de Grèce. Elle lui demande l'aide de Dédale. Et Dédale fournira la solution... le fil déroulé pour sortir du labyrinthe.
Minos est furieux: son instrument de pouvoir, le Minotaure, est tué; son labyrinthe dévoilé; sa succession détruite; sa fille partie dans les bras de Thésée. Il cherche le coupable, Dédale avoue et se retrouve avec son fils emprisonné dans son invention: le labyrinthe.
Ce livre apporte une lecture de la complexité d'un mythe. Icare apparait comme un maillon d'une légende plus forte que lui. Par sa jeunesse, son ambition à être, à devenir quelqu'un, il est fougueux mais seul, délaissé par un père portant un lourd fardeau, par une société codifiée et même par les dieux.
Bien-sûr il sortira du labyrinthe avec des ailes comme son père. Ce dernier souhaitera partir loin, très loin, fuir un roi. Icare, lui, voudra devenir l'égal d'un dieu, partir haut. Ce mythe reprend tout le malaise de la jeunesse, le rapport au corps, le poids de la destinée de ses parents, ce besoin de reconnaissance qui pousse à des actes insensés.
© Jean-Côme NOGUES et Hippolyte/ Nathan
Le texte parle de la parentalité, de la paternité dans les conseils mais aussi dans la façon d'être.
"Icare dormait en travers de la pote, la joue contre le sol comme l'eût
fait un esclave attendant le retour de son maître. Dédale s'y fait
trompa, ne comprit pas le signe de rébellion. Il entra."
Le texte de Jean-Côme NOGUES est très riche. Il apporte la tension, les étapes d'un malaise et même si la solution semble présente, il marque ce manque d'attention à l'autre. Les hommes semblent en proie aux dieux mais aussi aux actes des autres. Les émotions sont ici magnifiquement présentes et apportent du fond dans les personnages, comme pour le Minotaure ou la description d'un lieu chargé de sens, comme son tombeau.
Au fil des pages, de magnifiques détails sur l'ingéniosité de Dédale, le labyrinthe mais aussi les ailes, apportent encore plus au mythe.
J'aime énormément le travail d'Hippolyte que je découvre. Son ingéniosité dans cette exercice de style sur fond noir ou marron, travailler le crayon, coloré ou non, comme une plaque à gratter.
Ses illustrations donnent de la profondeur au récit et même si le parti-pris est de rester dans une pudeur (nudité des athlètes, et d'un pied, pas présente) les scènes sont fortes et déclenchent l'émotion.
La mythologie apparait alors celle des hommes, des muscles, des colères et des éléments (divins) avec une grande place offerte au ciel par exemple.
samedi 23 mars 2013
Le Minotaure
"- Le Minotaure, certes, était un monstre de férocité, mais il était aussi un creuset de désespoir. Avait-il choisit l'existence qui lui échut? Ne fut-il pas victime de cet antagonisme auquel se livrent les hommes et les dieux? N'a-t-il pas été parce que, dans un rêve de puissance immodéré, tu as désobéi à Poséidon? Roi, j'ai voulu adoucir sa peine et je lui ai laissé une ouverture vers le ciel."
(extrait de "Le rêve d'Icare " de Jean-Côme NOGUES et illustré par Hippolyte)
vendredi 22 mars 2013
Histoire d'Elles, Alexandra David-Néel
Je ne vais pas dans les bibliothèques, c'est une erreur. Ou si, en vacances. Et c'est toujours avec plaisir que je pioche au rayon jeunesse... pour moi. Et tant qu'à faire c'est encore mieux de découvrir des propositions intéressantes comme cette collection "Histoire d'Elles", petits romans documentaires sur des femmes d'exception.
© Evelyne MORIN-ROTUREAU/ Pemf
"Histoire d'Elles, Alexandra David-Néel" d'Evelyne MORIN-ROTUREAU est un très bon compromis entre le documentaire et un petit roman qui se lit très vite.
Alexandra DAVID est toute jeune une fugueuse. Fille de vieux parents, elle rêve de partir en Asie et de ne pas se confiner à ce que les conventions lui imposent.
Nous découvrons ainsi cette "globe-trotteuse" éprise de spiritualité asiatique dans ce qui fait sa singularité. Indépendante même si en couple, sans enfant, cantatrice jeune femme mais surtout entêtée, ne vivant que pour le voyage au sens de vivre avec les habitants.
Son ascension dans un Tibet interdit aux occidentaux est bien-sûr mis en valeur surtout dans la stratégie et le temps de vie dans ce pays dur. Voyage, exploration, chemin spirituel faits en compagnie de son fidèle Yongden, prénommé par la suite Albert, elle déguisée en khandoma puis en femme miséreuse, mère de Yongden.
Nous la découvrons aussi après l'exploit, toujours aussi fraiche de caractère. Lampe de sagesse en Corée, au Japon, assignée à résidence 6 ans en Chine, témoin des guerres en Chine, au Japon et en Europe. Bloquée pendant un temps dans sa maison de Digne, Samten Dzong (Forteresse de la méditation). Femme indépendante, courageuse et ouvrant le chemin de l'ambition aux femmes.
De beaux détails sur le bouddhisme ou la spiritualité indienne avec les premiers pas de Alexandra DAVID-NEEL, surnommée par la suite "Lampe de Sagesse", et ses rencontres: son premier maître en Inde, le sage Bhaskarananda; son second à Lachen, le Gomchen avec lequel elle reste en ermitage durant 20 mois et apprend entre autre la technique du Toumo, mobilisation de l'énergie pour produire de la chaleur; les retranscriptions de ses rencontre avec le 13ième Dalai-Lama.
© Evelyne MORIN-ROTUREAU/ Pemf
Le parti-pris ici est de proposer beaucoup de dialogues et de correspondances. Est-ce dû à la personnalité de la "parisienne à Lassa"? sûrement. Des extraits de correspondances à son mari Philippe NEEL ou à sa meilleure amie Eugénie ou des dialogues retranscrits par sa fidèle assistante Marie-Madeleine PEYRONNET. Cela donne avec les anecdotes un roman très vivant.
Des photographies ponctuent le récit ainsi que d'autres éléments participants à la compréhension de l'époque et quelques focus sur d'autres femmes particulières.
© Evelyne MORIN-ROTUREAU/ Pemf (coolies, darjeeling etc...)
Le choix de proposer aussi des définitions de termes en langues étrangères ou de présenter des personnages historiques apportent une fluidité au récit et une mise en contexte très simple et efficace.
mercredi 20 mars 2013
lundi 18 mars 2013
Au coeur du labyrinthe
"Le jour pénétrait en effet par une ouverture suffisamment large pour laisser passer le corps d'un adolescent, mais pas le front crépu et cornu de l'homme à la tête de taureau. La course du soleil dans le ciel et celle des nuages dispensaient une clarté changeante, seul élément mouvant dans cet univers d'immobilité sépulcrale."
(extrait de "Le rêve d'Icare" de Jen-Côme NOGUES et illustré par Hippolyte)
jeudi 14 mars 2013
L'exploration d'un pays selon le Hérisson et la tortue (Alexandra DAVID-NEEL)
"Que pensez-vous de ces premiers pas de l'Homme sur la Lune? demande la tortue au hérisson.
- Vois-tu, ils n'ont pas vraiment exploré la une, empaquetés comme ils sont. Explorer un pays, c'est marcher pieds nus, c'est poser ses paumes sur les pierres, c'est vivre avec ses habitants."
*source de l'image à lire pour la biographie, Lhassa en 1923, photographié par Alexandra DAVID-NEEL
(extrait d'"Histoire d'Elles, Alexandra David-Néel" d'Evelyne MORIN-ROTUREAU, dont je parle là, sûrement extrait lui-même d'un des livres de la tortue, assistante des dernières heures de la dame, Marie-Madeleine PEYRONNET)
mercredi 13 mars 2013
L'arbre généreux
De Shel SILVERSTEIN nous connaissons ses poèmes dans ""Le bord du monde" dont la "recette du sandwich à l'hippopotame". Avec "L'arbre généreux", il nous offre un court récit plein de sagesse.
© Shel SILVERSTEIN/ École des loisirs
Le garçon aime l'arbre et ce dernier le lui rend bien... grimper, se balancer, manger ses pommes. Mais l'enfant grandit et néglige cette amitié. Il ne pense plus autant à l'arbre et il le retrouve ses occupations ne sont plus à l'émerveillement et au jeu mais tournées vers des considérations bien matérielles. Et l'arbre généreux tente, encore, de satisfaire le jeune homme et l'homme plus âgé que le garçon est devenu.
Mais que peut bien offrir un arbre à son ami?
© Shel SILVERSTEIN/ École des loisirs
Shel SILVERSTEIN dépeint son garçon comme un petit insatisfait, dès lors qu'il a quitté l'enfance et nous réconcilie avec lui à son grand âge.
Cette histoire est belle et, oui, généreuse. J'aime aussi que l'auteur nous propose ses croquis émaillant le texte, surtout les chaussures et les trognons de pommes au pied de l'arbre...
© Shel SILVERSTEIN/ École des loisirs